Place Portaiguières
Comme Grasse, Riez ou Les Arcs, Draguignan a sa » porte des eaux » (provençal : pouarto-aiguiero). Soit : – les eaux du torrent la Riaille (provençal : riau, riéu, ruisseau et riaio, torrent) qui coulait à l’emplacement du Boulevard de la Liberté, mais aussi, sur la Place, – les eaux d’un puits public et plus tard – d’une fontaine. Le nom est resté intact depuis le XIIIe siècle.
Au Moyen Âge, un puits public se trouvait à côté de la porte fortifiée. Celle-ci dite » Porto aiguiero » en provençal, qui signifie » porte des eaux « , conduit dans la rue Juiverie, rue principale du ghetto juif.
À la fin du Moyen Âge, Portaiguères était un quartier riche, taxé autant que les quartiers des deux autres portes réunis. Son emplacement et la présence de l’eau avaient favorisé l’installation de diverses blanqueries (mégisseries ou tanneries) extra-muros et d’un moulin. Or ce travail du cuir fut une source importante de richesse pour les artisans et pour la ville. Le Conseil édicta un véritable statut du cuir. Draguignan comptait jusqu’à 20 fabriques en activité avant l’édit restrictif de 1759. Comme la lice ouest devenait de plus en plus construite, les activités que celle-ci accueillait refluèrent vers la Place, qui fut agrandie en 1437, puis au XVIe siècle quand la barbacane fut rasée. La grosse foire de Sainte-Luce, où se vendait le blé, s’y tint en alternance avec la Porte Romaine. La place compta plusieurs hôtelleries. Elle était habitée de bons artisans et de petits bourgeois indépendants, plutôt frondeurs et galéjeurs. Ils furent à l’origine d’un certain esprit du quartier, amateur de réjouissances et de mystifications, qui semble s’être prolongé jusqu’au début du siècle, avec les joyeux drilles de la » Commune libre de Portaiguières « .
La fontaine fut construite en 1613 et démolie vers les années 1930. La fête de quartier a disparu ces dernières années.
La Porte Portaiguières
La première, dans l’ordre historique, était réservée aux activités industrielles (mécanique des moulins, teintureries, mégisseries) ainsi qu’à l’irrigation des terres agricoles en amont de la Porte Aiguières ou Porte des eaux. Cette eau industrielle est captée à 4 km à l’Ouest, près du pont de la route d’Ampus. Elle est acheminée par un canal dit » le canal des Moulins » ou » canal des arrosants » ou encore » canal de la Reine Jeanne « .
La deuxième, l’eau alimentaire, est captée sur les flancs du Malmont (étymologie = mauvais mont), qui domine Draguignan de ses 604 mètres d’altitude, dans le vallon des Rayollets et acheminée par un aqueduc à ciel ouvert qui deviendra au fur et à mesure souterrain, pour venir alimenter les fontaines de la cité. La structure modernisée au XVIIIe siècle existe encore : depuis la source proche de la Vieille route de Figanières, jusqu’à la Porte de Grasse (de nos jours, disparue). La géologie nous apprend que le territoire de Draguignan se développe sur des assises sédimentaires du début de l’ère secondaire : trias et jurassique. (Étude de René Cova, bulletin de la Société d’Études, tome XXXVII).
Au niveau de la Tour de l’Horloge, le rocher est un promontoire calcaire plus dur que toute sa périphérie. Il a résisté à l’érosion (eau, vent, gel), ses alentours étant une vaste zone d’effondrement suite à la dissolution des couches de gypse. Il culmine à 240 mètres. Le castrum médiéval va s’y installer. La cité comtale puis la ville royale vont venir s’enrouler autour de celui-ci. Au point du vue géologique, le pied du rocher est constitué par des zones effondrées par dissolution du gypse.
Source : https://archives.var.fr/
Source : Draguignan – Le Temps Retrouvé – Pierre Jean Gayrard – Éd. Équinoxe
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